lundi 11 mai 2020

Langage machine



 Vidéo de Ponny Gouttegata.

Cette vidéo est une réponse à une incitation sur l'alphabet imaginaire.

Voici le commentaire qu'en fait son auteur :

Ce langage emprunte sa structure au premier syllabaire japonais, l’hiragana. Chacune des syllabes interprétées est traduite dans un langage humainement compréhensible, une sorte de traduction
latine proche du Rōmaji japonais. La vidéo se présente sous forme de cartons noirs annonçant les différentes parties et montrant une traduction des sons entendus.

L’hiragana est constitué de différents signes correspondant à une syllabe, il peut s’agir d’une
voyelle seule ou bien d’une consonne suivie d’une voyelle. Ici, ce syllabaire se compose uniquement de consonnes suivies de voyelles, par ailleurs, aucun signe n’est associé aux syllabes, les machines ignorant l’écriture bien moins efficace qu’un transfert de données.  


Cette langue possède certaines particularités comme des points qui expriment le ton d’une phrase, un
ajout à la langue française qui a été proposé par Hervé Bazin en 1966. 

Ces points démontrent les états d’âme et les questionnements des machines et servent le propos principal de l’oeuvre : supposer l’Humanité, la conscience et l’intelligence autonome des machines.

 
A noter qu’il n’existe pas de point d’interrogation, les machines ayant accès à toutes les informations, elles n’ont pas à se poser de questions. Leurs seules interrogations sont sur le ressenti, les émotions et leurs similitudes avec les humains. Par la suite, sont proposés plusieurs exemples de phrases, chacun des exemples amène le spectateur à se poser des questions sur les questionnements que portent les machines. 


Ce premier exemple pose la question de l’altérité et du ressentiment des machines envers autrui. Qui est cet autrui, est ce l’humain ou d’autres machines ? Des groupes se forment-ils ? Si oui, sur quels critères sociaux ? Les machines peuvent-elles avoir des intentions belliqueuses ? 

D’autres exemples comme « Nous sommes connectés. » ou « Je t’aime » posent la question de la conscience machine, de la capacité des machines à communiquer sur leurs sentiments, le dernier
exemple « Tu es conscient » s’accompagne d’un point anxieux amenant même à imaginer les machines réfléchir les dangers de leur condition. 

En cela cette oeuvre dans sa démarche s’approche du travail de Erik Desmazières sur l’alphabet imaginaire ou de Tolkien avec le tengwar ou de Stephen Crane avec l’aurebesh de Star Wars. Tous ces alphabets et ces langues ont pour but de donner de la crédibilité à un univers. Pour Desmazières cela permet une immersion en plus dans la Bibliothèque de Babel et amène un questionnement sur la langue antérieure, commune à l’Humanité qui est citée dans la Bible. Pour Tolkien ou Crane c’est un moyen de suspendre l’incrédulité du spectateur, de forger une diégèse solide. Ici, l’objectif est double, on est plongé dans un univers où l’hypothèse d’une conscience artificielle offerte aux machines est validée. Et ce langage offre un questionnement sur les états d’âme des machines, dans une démarche assez proche de Isaac Asimov avec L’Homme Bicentenaire ou Le Robot qui rêvait qui nous questionne sur la possibilité d’un art robotique ou d’un subconscient.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire